• Les préjugés ont la vie dure

    Les femmes conduisent mal, c’est bien connu. Surtout les blondes. D’ailleurs, la preuve absolue, c’est que moi-même je connais une femme blonde qui a eu un accident pas plus tard qu’hier. Et ce n’est pas un cas isolé, non, non, non ! La semaine dernière encore, j’ai vu un accident qui se déroulait en pleine rue : vous ne me croirez peut-être pas mais il impliquait une conductrice et pas un dromadaire ! Pas possible ??? Siiiiii !!! Je suis convaincu que mon amie qui, elle, n’a jamais eu d’accident doit être une des seules femmes à conduire correctement. Je vous jure ! je le sais, je vous le dis, c’est LA preuve irréfutable et vous pouvez me faire confiance. Personnellement, je prends le bus. J’ai vu tellement de femmes avoir un accident que je refuse d'être associée à elles. Si elles avaient une once de bon sens, elles feraient comme moi. En plus de conduire mal, elles sont bêtes. Toutes les mêmes ! Sauf mon amie, je ne voudrais pas qu’on m’accuse de généraliser. Je ne généralise pas, je constate juste les faits…

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    Bien entendu, à aucun moment vous n'avez pensé que j’étais sérieuse. Vous savez que je me trouvais dans le registre de la caricature outrancière. A la limite, vous vous êtes demandés quelle mouche m’avait piquée ce matin. Mais à la deuxième phrase, vous avez compris : on ne vous la fait pas ! En même temps, j’ai un peu fait exprès de forcer le trait. 

    Sauf que parfois, sous des dehors moins caricaturaux, avec des belles phrases bien tournées ou des arguments franchement ridicules, en utilisant une légitimité pêchée je ne sais où, certains se mettent subitement à penser que les 3, 10, 100, 1000 exemples qu’ils ont vécus un jour sont des vérités absolues. Et, la magie des réseaux sociaux aidant, ils se mettent à propager leurs fabuleuses idées qui relèvent, on est bien d’accord, de généralisations hâtives à la con et sans aucun fondement.

    Cette façon de catégoriser, en se basant sur son ressenti, est DANGEREUSE car elle se propage dans différents domaines, y compris scientifiques. De là à dire que, finalement, la terre est plate, il n'y a qu'un pas. Pas allègrement franchi y compris dans un public normalement "averti". Je vous propose de regarder cette vidéo (Oui, ça fait peur ! Elle est intéressante dans son ensemble mais le point fort se situe de 3:50 à 5:50). 

    Je vais laisser là la science et Etienne Klein pour en revenir à mon histoire de cases. Je suis convaincue qu'étiqueter tout et n'importe quoi et surtout les autres est une manière de se sentir moins isolé(e). Mettons tout le monde dans des boîtes.

    "Toi là, t’es comme moi, viens dans ma boîte ! Me laisse pas seule ! Et en prime, si tu viens avec moi, peut-être que tu vas me filer un peu de ta confiance en toi, celle qui me manque cruellement quand je suis dans mon bus, pendant que ces cruches de blondes font des accidents ^^".

    Je pense que le manque d’uniformité fait peur et que l’humain a besoin de se rassurer. Désespérément. Envers et contre tout. Même en créant des clichés et en les véhiculant. Surtout peut-être.

    Pourtant, se frotter à l’autre, à sa culture… lui ouvrir une porte et le laisser entrer… profiter du manque d’uniformité de l’autre et mélanger les boîte, c’est ça, à mon sens, la VRAIE vie ...


     

  • La bienveillance plutôt que l'autocritique

    Pour ceux qui suivent, je suis actuellement en train de relire mes vieux Flow... C'est donc dans un numéro de 2015 que j'ai trouvé cet article sur l'autocompassion, article dont le pique allègrement le titre pour mon billet. Vous connaissez l'adage : où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir ^^ Ce sujet n'est pas neuf puisqu'il rejoint un billet d'Isa qui m'avait vraiment marquée. Pour résumer la chose, en gros, nous avons pour la plupart une tendance à l'autocritique permanente. Nous manquons de bienveillance envers nous. Nous devrions nous traiter comme on traite un ami en nous encourageant et en adoptant de l'indulgence par rapport à nos échecs. Car ceux-ci font naturellement partie de la vie : ce qui ne serait pas normal, c'est une existence lisse, sans chaos... A partir de ce constat, on devient capable d'envisager que nous ne sommes pas seuls face à nos problèmes. Nous faisons partie d'une expérience commune à l'ensemble de l'humanité. La pleine conscience est nécessaire à l'autocompassion car elle permet de prendre conscience de notre souffrance et de l'accepter, permettant ainsi le travail d'empathie envers nous-mêmes. Selon l'article de Flow, "Si quelque chose ne se passe pas sans heurts, nous cherchons alors immédiatement à résoudre le problème, au lieu de commencer par nous consoler et nous accorder l'attention qu'on prodiguerait à une amie".  

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    Cette dernière phrase m'a fait l'effet d'un électrochoc tellement elle me correspondait à 100%. Je suis exactement comme ça. Pour moi, la vie, c'est marche ou crève. Contrairement à ce que certains peuvent penser, je n'ai aucune tendance (ou alors très brève) à l'apitoiement car je suis pleinement consciente que la vie est difficile pour tout le monde. Nous avons tous nos problèmes et il faut y faire face. Et, je fais face aux miens depuis bien longtemps. Sans (trop) me plaindre... Cela a d'ailleurs tendance à perturber mon entourage ! Cette capacité à rire d'événements dramatiques ! Mais ne serait-ce pas une partie de mon mal-être ? N'ai je pas été trop dure avec moi-même, me contentant de l'empathie des autres sans m'en accorder moi-même ? 

    Et puis, je me suis rappelée une anecdote qui a eu lieu il y a quelques mois : lors d'une conversation sur les causes de mon arrêt de travail, j'ai évoqué des "soucis" que j'ai eu "avant" (Sans rentrer dans des détails sordides, de gros soucis qui ne se digèrent pas "comme ça" et qui sont de l'ordre de la vie personnelle pas professionnelle... Bref). Mon interlocutrice m'a répondu un truc du genre "ah oui, mais ça ce sont des choses passées...". Je me souviens que j'avais eu une drôle de sensation : c'était passé alors ça ne devait plus faire mal ?

    Je crois, qu'inconsciemment, cette remarque débile et peu empathique a joué le rôle d'un déclic sur le chemin de l'autocompassion. Je crois qu'à ce moment-là, tout mon être s'est révolté. Quand je parle de cet épisode de ma vie, j'ai l'habitude de recevoir beaucoup de soutien mais, au détour de cette conversation, j'ai compris qu'il y avait aussi des personnes qui jugeaient que ça n'avait pas d'importance. D'une certaine façon, cela a réveillé mon empathie pour moi-même. Ma copine Isa me dirait que la prochaine étape serait de remercier cette personne...