• Le retour au travail après un Burn Out

    Le retour au travail après un Burn Out n'est pas chose aisée puisque le travail fait partie intégrante de la problématique. Je ne vais pas envisager ici la question du Burn Out mixte (provoqué par le travail ET la situation familiale par exemple) mais me concentrer sur le Burn Out tel qu'on l'entend "classiquement". En écrivant ces mots, je me surprends moi-même à tiquer tant cette maladie est complexe et ses causes multiples. Soit. 

    J'ai repris le travail cet été. J'ai vécu mon retour avec beaucoup de stress et d'appréhension mais, finalement, je n'ai aucun regret. On conviendra qu'il faut que la reprise se passe dans de bonnes conditions ce qui impliquera, parfois, un changement de carrière ou de fonction. Certains réintègrent le même poste, d'autres optent pour un virage radical. Néanmoins, je pense essentiel de se dire que la reprise est bénéfique à condition d'être réfléchie et bien préparée. Elle ne doit pas intervenir après la guérison complète mais elle fait partie intégrante de son processus. Quand vous retravaillerez, vous n'allez pas immédiatement vous sentir au top de votre forme. C'est parfaitement normal. C'est la raison pour laquelle, avec mon thérapeute, nous avons opté pour une reprise à temps partiel. A mi-temps dans mon cas. 

    Source

    N'hésitez pas à contacter le médecin du travail et/ou le conseiller en prévention lié(s) votre entreprise. Normalement, ces personnes sont "neutres". Elles pourront étudier votre dossier et, si nécessaire et avec votre accord, elles s'entretiendront avec votre hiérarchie afin de préparer au mieux votre reprise. Vous pouvez également prendre conseil auprès de votre syndicat et/ou d'un avocat spécialisé en droit du travail afin de bien connaître vos droits et vos obligations légales. N'agissez jamais dans la précipitation, prenez le temps de réfléchir à la situation, essayez d'être au clair avec ce que vous voulez et ce que vous ne souhaitez plus. Et dites-vous qu'un compromis est souvent envisageable. Lorsque vous prendrez contact avec votre employeur, n'hésitez pas à vous exprimer sur votre reprise, vos besoins éventuels, vos souhaits... (changement de poste, formations, encadrement spécifique, réduction de la charge de travail...). Au besoin, faites-vous accompagner par le conseiller en prévention si cela vous rassure. 

    Après le retour au travail, il est essentiel de ne pas reproduire les mêmes schémas que ceux qui vous ont amené au Burn Out. Ne vous inquiétez pas outre mesure : vous avez des réflexes qui se manifesteront à nouveau. L'important est de s'en rendre compte et de mettre en oeuvre des stratégies permettant de mieux les gérer. Dans mon cas, je poursuis ma thérapie individuelle et j'essaye de mettre en place de nouvelles façons d'être grâce, notamment, à la pleine conscience. Il est d'autant plus important d'être suivi si vous prenez une médication. Je dis "si" mais je ne connais personne qui ce soit sorti d'un Burn Out sans médicament. On ne peut pas arrêter son traitement brusquement et certainement pas en reprenant le travail. C'est à ce moment que vous aurez besoin d'un "soutien". 

    J'ai envie de vous rassurer : c'est normal d'avoir peur de la reprise. C'est aussi normal de craindre une rechute. Votre Burn Out vous protège, il vous aide à rester vigilant et à ne plus sombrer. L'importance de la thérapie entre en jeu ici. Posez vos limites, révisez vos priorités, dites stop quand c'est nécessaire. C'est ce que je fais. Je sais que certains ne comprennent pas ou le prennent mal mais tant pis ! Il est désormais hors de question que j'hypothèque une fois de plus ma santé ! 

    • Et après ?

      Je ressens un sentiment de malaise depuis quelques temps. Une sensation désagréable de la boule au ventre, une inquiétude qui plane. La reprise du boulot après une pause estivale en famille ? Non ! Mon travail thérapeutique qui sera encore long même si les progrès sont palpables. Non plus. Aucun soucis familiaux à l'horizon, la santé va bien. Le problème vient d'autre chose. Comme, parfois, les amitiés s'étiolent, je me rends compte que la belle unité de mon groupe thérapeutique prend l'eau.  

      J'ai cru que je ne pourrais plus me passer d'eux. Qu'ils me seraient essentiels à jamais. Que nous étions liés par quelques choses de plus fort que l'amitié même. Je le crois toujours. Ce lien existe. Il peut être difficilement compréhensible pour les personnes extérieures au groupe. Famille et conjoints compris. Nous sommes devenus, l'espace de quelques mois, des intimes. Nous nous sommes épanchés. Nous avons pleuré. Nous nous sommes soutenus mutuellement. C'était fort. C'était utile et essentiel. Cela l'est toujours mais...

      La vie a repris ses droits.

      Source

      Nous n'évoluons plus ensemble. Certains ont repris le travail, ailleurs ou pas. Les journées sont parfois lourdes. La guérison de chacun prend des chemins différents, plus ou moins longs d'un cas à l'autre. Ce qui nous unissait, au fond, c'était la maladie. Quand elle n'est plus (ou est moins), que reste-t-il entre nous ? 

      Des rires, des moments de partage, des confidences... Des différences aussi. Parfois, elles enrichissent. Parfois, elles sont difficilement supportables. Parfois, le groupe pèse. En tout cas, il me pèse. Parfois. 

      Faut-il culpabiliser ? Certes non. C'était finalement inévitable, comme une sorte de parenthèse enchantée. D'ailleurs, certains s'y attendaient... D'autres ont rapidement pris de la distance. Sans doute avais-je un peu trop d'attentes. Peut-être suis-je au fond un peu déçue. Des autres... Ou de moi.  

      Il faudra sans doute réadapter mon rapport au groupe. Je fuis les complications qui peuvent être évitées et qui ne mènent à rien. Je veux que les moments que nous passons ensemble soient agréables. Ils ne le sont pas forcément. Pas toujours. Pas avec tous. On pourra me dire que c'est la vie. Tout n'est pas toujours rose sauf la chambre des petites filles ^^ Peut-être est-ce de l'égoïsme, une certaine forme en tout cas. Une sorte de protection aussi. Nous partagions notre Burn Out. Je me rends compte que je n'ai pas forcément envie de partager d'autres problèmes avec mes burnies.

      J'ai appris beaucoup avec eux. Sans doute, cette phase fait également partie de l'apprentissage...