• Chroniques du Burn Out #3

    Les Chroniques du Burn Out sont des textes que j'ai écrits suite à la thérapie de groupe que j'ai suivie. Ceux-ci sont librement inspirés de ma propre expérience et de celle des burnies, mes copains d'infortune. Ils visent, modestement, à mieux faire comprendre la réalité de la personne en souffrance. 

    Le Burn Out : l’annonce faite à Cathy

    La scène se déroule dans un cabinet médical. 

    • Asseyez-vous, il est rare de vous voir. Qu’est-ce qui vous amène ?
    • Je ne me sens pas bien, Docteur. A mon avis j’ai la grippe ou une bronchite. Je suis fatiguée et énervée. J’ai mal au dos, à la tête. Mes jambes sont en coton. J’ai la nausée. Rien ne va. Je suis épuisée. J’ai perdu du poids, beaucoup de poids. 
    • Vous dormez bien ces temps-ci ? 
    • Pas vraiment... 
    • Et le boulot ? ça se passe comment ?  Votre compagnon m’a dit que vous rentriez toujours fatiguée et énervée.
    • Un peu comme chaque personne qui travaille, je pense. On a beaucoup de boulot. Mon chef me prend la tête. Cela se passe mal avec ma collègue. Il y a du bruit en permanence dans mon bureau. J’ai besoin de me concentrer mais c’est impossible. Il fait froid l’hiver et trop chaud l’été. Je n’en peux plus en fait. Cette situation dure depuis des mois. Je ne sais plus comment la gérer. Je fais le boulot de deux personnes. On me met la pression en permanence. Quand je rentre chez moi le soir, je ne fais que parler du boulot. J’ai les nerfs à fleur de peau. 

    Cathy se met à pleurer.

    • Madame, je pense que vous êtes en Burn Out. Il va falloir lever le pied. Je vous mets un mois d’arrêt... Pour commencer.
    • Non, c’est impossible. Je ne souhaite pas mettre ma collègue et ma responsable dans l’embarras.

    Dans  ma tête, en boucle Je ne suis pas en Burn Out, elle se trompe. C’est un truc à la mode. Je ne suis pas une tire au flanc. Je suivrai ma devise "tant que tu n’es pas à terre, tu es toujours vivante et capable d’affronter". Tu en a déjà tellement vu, cela ne va pas t’abattre ce diagnostic. Lundi, je vais au boulot. Ils ont facile les médecins…

    "Ils ont facile" mais parfois raison aussi. Lundi matin, je ne retournerai pas au boulot. Je suis en larme dans le cabinet du médecin. Je ne remettrai pas les pieds dans mon bureau avant un long moment. J’ai l’impression d’être faible. Je me sens coupable. Je découvrirai par la suite qu'on a engagé deux personnes en Intérim pour effectuer mon travail... 

    Source


    Dans la réalité, il faut savoir qu'une personne n'est pas diagnostiquée Burn Out aussi rapidement que dans ce texte. Il est évident que j'ai pris des raccourcis pour la fluidité de la lecture. Il n'est pas rare que "l'heureux gagnant" d'un épuisement professionnel ait déjà consulté son médecin pour divers problèmes de santé, voire ait subit une batterie d'examens visant à diagnostiquer un problème cardiaque, d'estomac, etc. Il existe des tests spécifiques visant à donner un diagnostic précis de Burn Out à un patient. Un Burn Out n'est pas une dépression. Il a des causes et des conséquences propres. 

  • Chroniques du Burn Out #2

    Les Chroniques du Burn Out sont des textes que j'ai écrits suite à la thérapie de groupe que j'ai suivie. Ceux-ci sont librement inspirés de ma propre expérience et de celle des burnies, mes copains d'infortune. Ils visent, modestement, à mieux faire comprendre la réalité de la personne en souffrance. 

    Qu'est-ce qu'un Burn Out : Vue de l'intérieur

    Au départ, t’es même plus capable de penser. Tu restes avachi des jours durant dans le canapé. Tout te coûte. Tu ne fais plus rien. La télé allumée en boucle. Les programmes s’égrainent. Des programmes pour lesquels il ne faut pas réfléchir, surtout pas réfléchir. Téléréalités, téléfilms de l’après-midi. Ton gamin te quitte le matin et te retrouve à 16 heures dans la même position : sous une couverture. Tu t’es levé pour pisser, te faire 1000 cafés et, éventuellement, dîner.

    T'as envie de rien. Qu’on prenne de tes nouvelles te pompe, qu’on n’en prenne pas te pompe tout autant. Rien ne te satisfait. T’es vidé et vide. Point.

    Cela va durer des semaines, des mois. T’es incapable de réagir. Tu entends bien un fond de jugement dans la voix de certains : tu ne te ferais pas aider par un psy ? Et ça te saoule à mort. De quoi je me mêle ??? Hein ??? Qu’est-ce que tu sais ce qui me ferait du bien ? Voilà, on en est là. Dans une situation où, aussi bizarre que ça puisse paraître aux autres, tout te coûte. Même se bouger pour aller mieux. T’as “juste” besoin de repos. Et ça, peu le comprennent, peu ont envie de le comprendre. Dans ta tête, tu te dis que ça fait des mois que personne ne se préoccupe de tes besoins et là, t’as besoin de ne rien faire !

    Source

    Moi, j'ai de la chance : je vis avec quelqu'un qui me soutient. Il a compris la situation. Il me laisse le temps. Il prend tout en charge : le gamin, la maison, moi. En plus de son job. C'est quasi le seul. Même tes propres parents ont du mal à comprendre. Ta mère est obsédée par l’idée que tu pourrais perdre ton emploi. Cela ne t’aide pas vraiment. Inutile de rajouter une couche de culpabilité à tout ça.

    Un jour tu auras un déclic. Un jour. Mais pas encore. Là, tu ne conduis plus, tu ne dors plus, tu ne bouges plus… C’est comme si tu étais en sursis d’énergie, comme si on t’avait bouffé de l’intérieur, comme si tu étais un peu mort en dedans.